En photographiant des chiens pour la série Diogène, Francis Meunier s’est aperçu que l’un des rares oasis de verdure qui se propose à la gente canine en milieu urbain sont les plantes sauvages poussant sur les trottoirs. A force de voir celles-ci se faire renifler, mordiller ou uriner dessus ; il s’est intéressé à ces plantes spontanées en tant qu’objet d’étude avant qu’elles ne deviennent pour lui un sujet photographique.
Le choix du photographe s’est porté sur des plantes isolées qu’il cadre serré, d’un point de vue plongeant, ce qui donne au sujet botanique une densité et une beauté quasi portraitiques. Entourées de bitume, de pierre, de béton, la survie de cette verdure confère à l’énigme et rend sa présence plus intense encore. Bien que statiques, ces prises de vue déclinent l’aspect éphémère de cette vie hors sol.
Les clichés s’apparentent dès lors à des natures mortes, très en vogue dans la peinture du XVIIe siècle sous le nom de vanitas. Le titre de la série, Pourtant elles poussent, se réfère directement à l’étonnement que peuvent susciter ces plantes vivaces en se développant dans un milieu totalement incongru, voire hostile.